La chapelle Sainte-Blanche de François Ribault 1ère partie
En 1915, à son arrivée à Saint-Cast comme recteur de la paroisse, François Ribault trouve à l’Isle un oratoire, « à l’emplacement même et dans les dimensions d’un très antique sanctuaire ».
L’existence de celui-ci, dédié à Sainte-Blanche est attesté en 1163 par une bulle du pape Alexandre III. Mais le prieuré date, sans doute, de l’établissement, au Vème siècle, des moines « bretons » originaires du Pays de Galles à Saint-Jacut.
Lors de la Bataille de 1758, contrairement à ce qu’on peut trouver dans quelques sources, les Anglais ne l’auraient pas incendié.
Cependant, moins de 50 ans plus tard, sur le cadastre de 1804, c’est un édifice en ruine qui est indiqué. Une construction est accolée à son mur nord.
En 1904 ne subsiste plus que « quelques pans de murs où nichait la statue vénérée de la Sainte », quand le prédécesseur de l’abbé Ribault reconstruit, à la « demande des habitants de l’Isle », un lieu de culte sur les ruines existantes.
Cet oratoire, qui ne semble pas encore terminé en 1919, « forme un rectangle de 11,50 m de long sur 5 de large, terminé à l’ouest par une façade en pierre de taille. Il ne peut accueillir que 80 fidèles ».
Or, l’abbé Ribault estime qu’il faudrait pouvoir abriter, pour faire face à la demande des fidèles (les nombreux « baigneurs » qui occupent hôtels et villas de l’Isle), au moins « 200 assistants pour la saison d’été, et même 300 à la rigueur ».
Le projet du recteur François Ribault :
Le plan de l’abbé Ribault est simple, mais il voit grand : il veut « continuer le monument et l’embellir ».
Il déclare dans la Vigie (l’hebdomadaire paroissial) du 15 Décembre 1918 : « Le long des côtales nord et sud de la chapelle, je construis un bas-côté, d’une largeur de 3 m à peu près [qui] se prolonge en déambulatoire par derrière le chevet. J’évide les murs tout autour en y perçant des baies cintrées supportées sur des colonnes légères en ciment armé peut-être. J’évide également, en me servant des pilastres et cintres de la porte et des 2 fenêtres, la partie inférieure de la façade, et je construis sur toute la largeur de la façade actuelle une avancée en forme de porche de 3,50m de long mur compris ».
Et le bon recteur de rêver :
« Regardez maintenant à l’intérieur. Vous apercevez une vraie petite cathédrale ! Et d’autant plus ravissante qu’elle est minuscule et sur le plan d’une grande ». L’abbé Ribault espère ainsi pouvoir accueillir, dans l’édifice de 197,50m2 « deux cent, et même trois cents et davantage » fidèles.
Cependant François Ribault va se heurter très vite à de grosses difficultés :
Difficultés techniques`
En Octobre 1919 l’abbé Ribault, dans une lettre à Louis Dubois expose les immenses problèmes auxquels il doit faire face pour « situer dans l’emplacement de la chapelle actuelle un projet sortable ».
Son architecte, M. Dugenet de Dinan, est lui-même très pessimiste : « Plus je réfléchis, lui écrit-il, et plus je me rends compte que nous ne pourrons pas venir à un résultat qui réponde sérieusement aux besoins de votre paroisse. Nous avons tout contre nous : l’exigüité du terrain, son irrégularité et l’accès difficile. En conscience, je dois vous dire qu’il me semble que les dépenses assez élevées que nécessiteront le travail ne seraient pas en proportion de l’effet obtenu… ».
La parcelle disponible est en effet d’une surface (205m2) à peine supérieure au projet, le relief n’a rien de régulier et les rues qui y descendent sont pentues et étroites.
D’autre part les services de l’Etat (la Préfecture) posent au recteur, « pour bâtir dans cet emplacement, des conditions sévères et inacceptables ».
Alors, presque découragé, le recteur est prêt à abandonner le projet.
Difficultés financières
Ces difficultés techniques sont, en effet ,telles que l’architecte met en garde le recteur : « Je dois vous dire, qu’il me semble que les dépenses assez élevées que nécessiteront le travail ne seraient pas en proportion de l’effet obtenu… ».
Mais l’abbé Ribault est tenace.
En 1919, avec le soutien des habitants de l’Isle (qui font « remise au recteur et à la Paroisse » du bâtiment existant), il obtient de l’évêque de Saint-Brieuc l’autorisation de lancer une souscription pour sa « reconstruction et l’agrandissement », « sous le patronage du conseil municipal et de la haute approbation diocésaine ».
Les plus généreux souscripteurs sont classés en trois catégories selon la hauteur de leurs contributions (« les fondateurs » qui donneront plus de 1000 Francs ; « les bienfaiteurs insignes » qui offriront au moins 500 F; et « les bienfaiteurs » qui souscriront au moins 100 F).
En échange de leurs largesses, on promet d’inscrire le nom de ces généreux donateurs sur un tableau placé dans la chapelle. En outre (et surtout), on célébrera pendant cinq années « un service funèbre pour le repos des âmes des souscripteurs décédés, pour leurs parents défunts et leurs glorieux morts de la guerre ».
Malgré tout le recteur, l’année suivante, se plaint : Certes « Les travaux avancent rapidement mais pas assez encore, au gré de nos impatients désirs ». Il renouvelle, dans la Vigie du 30 Mai 1920 son appel « aux dévoués bienfaiteurs, car la construction est d’un prix si élevé ! ».
Suite au prochain numéro !
Bibliographie : « Le patrimoine religieux de Saint-Cast le Guildo », Association du Patrimoine de St Cast le Guildo. Juillet 2016. La Vigie (collection Association du Patrimoine). Archives personnelles.